Une douche chaude, un lit : l'accueil de cyclistes par des cyclistes
C'est dans leur appartement situé près d'Annessens qu'on retrouve Matthieu et Anne-Lise. L'entrée donne sur un jardin-cour partagé par les différents habitants de l'immeuble qui l'encadre. Dès l'entrée, le ton est donné : vélos et charrette pour enfant sont stockés là.
Quelques escaliers et on arrive dans l'appartement proprement dit. « Du thé ? », propose Anne-Lise. On s'assied autour de la table en bois de la cuisine. L'accueil est spontané et chaleureux. C'est que Matthieu et Anne-Lise ont l'habitude de recevoir des gens de passage depuis qu'ils se sont inscrits sur le réseau Warmshowers. C'était en 2012.
Warmshowers est un site qui met en contact des passionnés de vélo et de voyages. Concrètement, des cyclistes proposent un hébergement à d'autres cylistes en vadrouille. « J'en ai entendu parler via le magazine du Gracq, explique Matthieu. Ce qui m'a séduit c'est que - par rapport à couchsurfing qui est assez invasif, qui fait de la publicité... - c'est une initiative sans but lucratif. Le site est assez artisanal. »
« Le lien, c'est le vélo »
Le projet de Warmshowers est né en 2001 aux Etats-Unis. Il est géré par des bénévoles. « L'ambiance est très bonne franquette. Grâce à ce site, tu croises des gens de tous horizons. Le lien entre tous ces gens est le vélo mais il y a une grande diversité. L'intérêt est de se confronter à cet inconnu », avance Matthieu.
Comme ils ont des vies bien chargées - le boulot et leur fils - Matthieu et Anne-Lise n'hébergent pas d'office tous les cyclistes qui en font la demande. « Mais chaque fois qu'on a accepté, on en est ressorti content », déclare Anne-Lise.
La seule règle pour le couple est l'échange : « si tu es logé, tu t'engages à loger quelqu'un », explique Matthieu. « Le mot loger est à comprendre au sens large : cela peut être une tente dans le jardin », poursuit-il.
Au départ, Anne-Lise et Matthieu hébergeaient les hôtes dans la chambre d'amis mais celle-ci est aujourd'hui devenue la chambre de leur fils. Les cyclistes de passage sont donc logés sur un matelas dans le salon.
« La première question que pose un cycliste qui vient est : où puis-je mettre mon vélo en sécurité. Quand tu voyages à vélo, c'est ta seule richesse. C'est LE truc que tu ne peux pas te faire voler », raconte Matthieu. « La deuxième question, c'est : quel est le mot de passe du wifi ? », sourit-il.
En plus du lit, Anne-Lise et Matthieu ont pour habitude d'offrir le couvert. « On cuisine pour eux car on sait qu'il est difficile de bien manger quand on voyage à vélo », soulignent-ils. Ils n'hésitent pas non plus à renseigner les gens sur les choses à voir et à faire à Bruxelles et en Belgique. « Tu deviens un peu ambassadeur de ta ville », dit Matthieu.
« Voyager tout en restant à la maison »
Les derniers hôtes qu'ils ont reçus sont des gens venus de Malaisie. « C'était de petits indépendants (ils tiennent un magasin de fournitures de bureau). Ils ont décidé de voyager pendant un an. A pied au départ puis finalement, ils voyagent à vélo », raconte Matthieu. « Héberger des gens comme ça permet de voyager tout en restant à la maison, observe Anne-Lise. Rien qu'en les écoutant, on a découvert le monde. Et puis ils nous ont cuisiné des plats de chez eux les deux jours où ils sont restés. » Matthieu se rappelle, encore stupéfait du cuiseur à riz qu'ils transportaient avec eux.
« Parfois il y a des gens avec qui ça colle moins mais c'est comme partout. Et puis c'est déjà une expérience », estime Matthieu. En général, le courant passe bien car étant eux-mêmes cyclistes, Anne-Lise et Matthieu trouve rapidement des points communs. Leurs vacances annuelles se font à vélo. Le couple a craqué sur un tandem auquel ils attachent la remorque pour leur fils. N'ayant pas de voiture, ils font également tous leurs déplacements quotidiens en deux roues. Ils ont pour cela un vélo simple.
Un article de Violaine Jadoul