Pour aller à la piscine, vingt élèves ont choisi le fietsbus
Il est huit heures du matin à l'Ecole Fondamentale Saint-Joseph Boondael d'Ixelles. Peu à peu les enfants arrivent, déposés par leurs parents en voiture, à pied ou à vélo. Ceux qui viennent en deux roues attachent leur bécane aux arceaux du parking vélo situé dans un coin de l'entrée. D'autres s'affairent autour de leur vélo, enlèvent le cadenas, vont chercheur leur casque et leur chasuble disposés un peu plus loin. Ceux-ci sont sur le départ.
Une fois par semaine, les élèves de cinquième et sixième ont leur cours de natation à la piscine d'Ixelles. Jusqu'à présent, pour parcourir ces quelques trois kilomètres, les élèves prenaient un bus spécialement affrété pour l'occasion. Mais au mois de mars, à l'initiative de Christophe, un des éducateurs, a été lancé un fietsbus. Ceux qui le souhaitent peuvent donc faire le trajet aller et retour à vélo encadrés par des éducateurs, la professeure d'éducation physique et un gardien de la paix de la commune d'Ixelles. Parfois, certains parents accompagnent le groupe. « La première fois, il y avait environ vingt-sept élèves parce que c'était nouveau. Depuis, le groupe est toujours identique et compte vingt élèves sur soixante-quatre », explique Nathalie, professeure d'EPS.
Une des élèves a son explication quant à la non participation des autres de sa classe : « soit ils sont trop flemmards, soit ils n'ont pas de vélo ».
« Au début, c'était dur au retour »
Les enfants se préparent. Ils se mettent en file. « On se met en quinconce, rappelle Christian, éducateur. Pas côte à côte. Et vous laissez un peu de distance entre vous. » En tête de peloton, Rose avoue qu'elle avait participé les deux premières fois puis avait arrêté parce qu'elle voulait être avec ses copines qui prenaient le bus et puis, « au début, c'était dur au retour ». Il est vrai que si à l'aller, le parcours descend, au retour, les muscles doivent s'activer un peu plus. « Mais maintenant ça va, je me suis habituée », sourit Rose.
Derrière, Hugo, Louis et Félix papotent et comparent leurs vélos. Pour Hugo, le vélo, « c'est mieux parce que ça ne pollue pas ». Et puis, « ça va plus vite que le bus », précise Louis. Les élèves qui vont à vélo arrivent effectivement dix voire vingt minutes avant le bus lorsqu'il y a beaucoup d'embouteillages. « Sur 30 minutes passées dans l'eau, c'est beaucoup », souligne Nathalie.
« L'avantage est que je peux crier »
Pour Félix, l'avantage du vélo, c'est qu'il peut « crier ». Ou en tout cas, « parler fort ». Ce qu'il ne peut pas faire dans le bus. Enfin, pour Hugo, « c'est plus courageux d'aller à vélo ». « On a même reçu du gâteau une fois pour nous féliciter », se rappelle Louis.
Trêve de bavardages, il est temps de partir. Les chasubles fluos donnent aux élèves un air de petits canetons ; le cortège ne passe pas inaperçu dans les rues d'Ixelles. Arrivés à hauteur du Boulevard Général Jacques, le peloton se fait dépasser par un groupe d'adultes à vélo qui saluent les enfants à coups de sonnettes. « Ce sont les parents », sourit Nathalie. Après l'hôpital d'Ixelles, les enfants dépassent par la gauche une file de voitures bloquées. « On les dépasse et on leur dit « salut » », sourit une des filles avec fierté.
A chaque carrefour, les accompagnateurs veillent et répètent les consignes de sécurité.
Après 15 minutes à travers les petites rues, le groupe arrive au parking vélo non loin de la piscine. Au retour, comme cela monte un peu, le trajet durera plutôt 20 minutes.
« Tous les élèves passent un brevet vélo »
L'idée, à terme, est de se passer du bus. Pour attribuer ce budget à d'autres projets. « Et motiver les élèves à faire du vélo et à moins polluer », déclare Christian. Ce projet s'inscrit dans la philosophie de l'école et dans son plan de déplacement scolaire. « On a un espace kiss & ride pour déposer les enfants. Nous mettons un parking vélo à disposition. Et nous avons reçu des drésiennes pour mettre les tout-petits en selle », explique Christian. Par ailleurs, tous les élèves de cinquième primaire passent un brevet vélo organisé par Pro Vélo. Le lendemain de notre visite, les élèves allaient d'ailleurs chercher le précieux certificat à la commune d'Ixelles. A vélo bien sûr !
Christian, lui, apprécie d'accompagner les enfants à vélo. « Il y a une facilité de contacts avec les enfants. Plus qu'à pied. Il y a toujours une chouette discussion », note-t-il. Mourad, gardien de la paix à la commune d'Ixelles, formé par Pro Vélo est lui aussi très satisfait de pouvoir rouler à vélo. « Avant ce projet, on était un peu en standby. Je faisais juste les trajets domicile boulot à vélo. C'est gai d'accompagner les enfants. Ceux-ci roulent super bien en plus. Les trajets sont fluides », observe-t-il.
Un article de Violaine Jadoul