Le vélo jusqu’au bout des ongles
Peut-être avez-vous déjà vu son vélo orné d’un délicat pied vert se balader dans Bruxelles ? Manami Shimizu est une Japonaise installée en Belgique depuis 13 ans qui donne des soins de pédicure à domicile. Chaque matin, lorsqu’elle se rend chez ses clients, elle prend son bakfiet où se trouve son matériel médical.
« Beaucoup de patients âgés sont surpris lorsque j’arrive chez eux. La plupart du temps, ils sont contents, car ce mode de déplacement est plus écologique. C’est pratique, car je n’ai pas besoin de chercher un parking, il y a toujours une petite place pour mon vélo. »
Originaire de la périphérie de Tokyo, Manami a rencontré son mari belge au Japon durant ses études. « Lorsque j’étais étudiante, je me déplaçais toujours à vélo pour effectuer le trajet entre ma maison et la gare de train la plus proche. Il n’y a pas trop de pistes cyclables là-bas. »
Après avoir travaillé en tant que professeur de japonais et secrétaire à Bruxelles, la jeune femme a décidé à 35 ans de fonder sa société. L’envie d’indépendance et de gérer soi-même son emploi du temps. Mère d’un petit garçon, elle n’a pas eu le courage de refaire un cursus complet en médecine, elle s’est donc inscrite à une formation de pédicure de deux ans, en flamand.
« Ma professeure principale travaillait à domicile, c’est elle qui m’a donné envie de me déplacer chez les gens. Je n’ai pas pensé à le faire en voiture. Je me suis directement renseignée sur les bakfiets. »
Une philosophie dans sa vie professionnelle et privée
Elle partage son temps entre les maisons de repos et les soins chez les particuliers. Lors des grosses journées, elle peut enchaîner trois à quatre soins dans toute la périphérie bruxelloise. Parfois, elle circule jusqu’en Flandre et se trouve obligée d’utiliser un véhicule à cause de la distance.
Elle préfère évidemment l’usage du deux-roues. Cette passion ne se limite pas à la sphère professionnelle. La famille collectionne une dizaine de vélos dans son garage. Le fils de cinq ans va à l’école néerlandophone en bicyclette. Son mari - employé dans une entreprise automobile – prend aussi son vélo jusqu’à son travail à une dizaine de kilomètres du centre-ville de Bruxelles. « Il adore ça, alors qu’il travaille pour une entreprise de voitures! », plaisante Manami.
Pour les sorties en famille, ils ont acheté un deuxième bakfiet. VTT, vélo pliable, vélo de ville, etc. Les cyclistes trouvent leur bonheur chez eux. Moins qu’un moyen de transport, c’est une philosophie de vie pour cette pédicure.
Un article de Flavie Gauthier