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La machine à souvenir de Frickshaw

Peter Cserba et le vélo, c’est une histoire d’amour qui dure depuis l’enfance. Pendant son enfance, il trouve dans le vélo un outil d’exploration, de partage et de convivialité. Trois choses fondamentales à Frickshaw, son projet très personnel de balades avec des personnes âgées sur des rickshaw, de vieux triporteurs asiatiques pour lesquels il s’est pris de passion il y a 8 ans.

Peter est à l’image de ses balades et du rythme qu’impose le pilotage d’aussi gros vélos : posé, curieux, humble. Avant de monter son projet, Peter achète son premier rickshaw 150€ et participe à plusieurs masses critiques, où il met de la musique, s’amuse et se rend compte “qu’au final, tout est vraiment mieux en rickshaw”. Il acquiert une poignée d’autres vélos avec lesquels il expérimente “c’est vraiment la plateforme idéale pour susciter la créativité”. Vélo-karaoké, vélo-photomaton, et enfin cette idée de proposer des balades à des pensionnaires de maison de repos.

C’est aux Ursulines et dans une maison de repos d’Evere qu’il fait chaque semaine, à partir d’avril et jusqu’à la fin des beaux jours, des balades avec des personnes âgées. “Je me suis tourné vers les personnes âgées car le vélo est une machine à souvenir, et je voulais créer de nouveaux souvenirs à des gens qui ont déjà beaucoup et qui peut-être se disent qu’ils ne pourraient pas en avoir de nouveaux”. Au fil des promenades, et des années, les liens avec les résidents se tissent et Peter les voit évoluer, apprend à les connaître vraiment “Le rickshaw crée une interaction plus forte avec les gens, c’est une chance de partager du temps avec des gens qui vivent à Bruxelles depuis si longtemps, parfois depuis 60 ans”.

Le jour où nous accompagnons Peter dans une de ses balades, le ciel est indécis et la drache guette. Mais Charles, le pensionnaire pour qui c’est la première fois en rickshaw, ne se défile pas. Il enfile un chapeau et prend place sur le “Bandito”, un triporteur Indonésien à la déco chamarrée. Nous remontons tranquillement jusqu’à la rue Blaes, que nous empruntons jusqu’à la place du Jeu de Balle où la pluie se met à tomber. Peter nous redirige vers un petit café rue Haute, où tout le monde s’assied au sec devant un café. Peter engage la conversation et Charles raconte sa vie de plombier : “le meilleur métier du monde”, et ses origines hongroises. Peter aussi est hongrois; s’engage alors entre les deux hommes une conversation animée dans leur langue natale, dont eux seuls sauront la teneur.

Une éclaircie apparaît après une heure et c’est l’heure du retour pour Charles et Peter, jusqu’aux Ursulines. “J’essaie de toujours faire au moins une petite balade jusqu’à un café s’il pleut” conclut Peter, “le but c’est avant tout de faire des souvenirs. Moi, ça ne me coûte rien, je ne fais pas d’effort spécial, je suis content de m’être simplement fait plaisir en faisant quelque chose de bien”.

Peter gère son asbl Frickshaw en solitaire mais ses vélos sont disséminés un peu partout à Bruxelles, et cela lui permet de les rendre disponibles facilement pour des évènements ou d’autres asbl, et pour qu’ils continuent d’être des machines à souvenirs.

Un article de Benjamin Da Silva Lopes Dos Santos

Photos par Gilles Bolland