Grâce au tandem, les aveugles et malvoyants se mettent au vélo
Tous les mardis soirs de fin mars à début novembre depuis plus de dix ans, Jean-Paul Dejaegher retrouve d'autres cyclistes pour une balade sportive de 40 kilomètres en tandem. « Chaque semaine, c'est un pilote qui choisit l'itinéraire et on se laisse guider. »
Les pilotes, ce sont ceux qui conduisent les huit tandems de l'association Cyclone A (la contraction de "Cycle" et de l'Oeuvre Nationale des Aveugles). Derrière, à la place de passager, Jean-Paul et les autres membres malvoyants ou aveugles se laissent guider. « J'ai intégré l'association parce que j'aime bien le vélo, mais je ne peux pas en faire moi-même », explique le cycliste devenu président de cette ASBL née à Schaerbeek.
L'objectif est de permettre à des personnes handicapées de la vue de faire du cyclotourisme. En plus du rendez-vous hebdomadaire réservé aux plus aguerris, les membres sortent de Bruxelles une fois par mois pour une longue randonnée vélo d'une soixantaine de kilomètres.
« Le seul conseil que je peux donner aux non-voyants qui débutent, c'est d'oser ! »
Jean-Pierre aime bien discuter avec son partenaire pendant le trajet. « Il y a pas mal d'échange entre nous. Il faut faire confiance au pilote. Il me raconte ce qu'il voit. » Jeanne-Françoise est une des premières à avoir intégré l'équipe de cyclistes. « J'ai toujours aimé le tandem. J'en faisais déjà depuis toute petite chez moi. Le seul conseil que je peux donner aux non-voyants qui débutent, c'est d'oser ! Il faut dépasser sa peur. Notre seule contrainte par rapport à un tandem classique, c'est d'anticiper. Comme on ne voit pas les pieds de l'autre, je demande toujours au pilote de me préciser avec quel pied il part en premier. »
Certains des cyclistes bénévoles fans de mécanique se chargent de l'entretien des tandems en hiver. Parfois, leur rôle est aussi d'amener les malvoyants et aveugles jusqu'au point de rendez-vous. Michel a servi de taxi pour Jeanne-Françoise. « Je suis un grand adepte du tandem. Avant de rejoindre Cyclone A, je faisais du tandem avec ma femme et ma fille. Lorsque l'on est bien synchronisé ensemble, on va plus vite que sur un vélo classique. »
Un autre pilote, Marc a intégré Cyclone A après avoir vu la bande passer devant chez lui avec les gilets fluo de l'association sur le dos. Dès qu'il est devenu pensionné, il s'est engagé en tant que bénévole et a enfourché pour la première fois un tandem. « J'aime le fait d'être avec des personnes non voyantes et de leur décrire le paysage. Je pense qu'on a beaucoup à apprendre de ces gens-là. »
L'association recherche toujours d'autres volontaires pour guider sur les tandems, les renseignements se trouvent sur leur site : www.cyclone-a.be.
Un article de Flavie Gauthier