Cycad, le leasing de vélos en bambou
Il fait déjà chaud en ce début de mois de mai, derrière la place Collignon à Schaerbeek. Perrine nous accueille dans la maison où elle vit avec Narciso, qui lui s’affaire dans un petit appentis au fond du jardin. Ils sont les instigateurs de Cycad, une société née en juillet 2016, qui propose un service de location longue durée de vélos, électrique ou non. Leur particularité ? Ils sont en bambou, et fabriqués de A à Z par Narciso et l’aide d’un ouvrier à 2/5e.
Narciso est originaire des Philippines où il a appris à confectionner des cadres. Une activité à laquelle il s’adonnait pour lui-même ou des amis à Bruxelles avant de lancer Cycad aux côtés de Perrine. Il a longtemps été coursier sur un vélo de course de sa fabrication, mais a aussi fabriqué des draisiennes. Il a ensuite été formé à la mécanique vélo à l’EFP, et met désormais ses connaissances en pratique avec Cycad.
L’idée moteur du projet de Perrine et Narciso était de pousser les gens à rouler à vélo à Bruxelles et ils ont pour cela mis sur pied un produit et un service au plus proche de leurs utilisateurs.
Compacte, la géométrie des vélos s’inspire des vélos-cargo Omnium, avec une roue plus petite à l’avant qui rend la machine plus maniable en ville et laisse la place à un panier avec une plus grande capacité. Le vélo est aussi chaussé de pneus larges pour plus de confort et afin d’éviter les accidents dans les rails de tram. Le bambou est utilisé pour ses propriétés écologiques, ainsi que pour son faible coût et ses propriétés structurelles. Les morceaux de bambou proviennent de bambouseraies des Philippines ou du Poitou-Charentes, mais aussi du jardin de particuliers. Il faut ensuite le sécher et en extraire les tubes, qui seront coupés, assemblés à l’aide de raccords en carbone ou en aluminium (fabriqués à Eupen) et collés à l’aide d’une résine epoxy. Pendant le séchage, Narciso assemble les roues et peut ensuite procéder au ponçage du cadre et au montage du vélo.
En tout, la fabrication d’un vélo prend deux à trois jours de travail mais nécessite du temps entre chaque étape. Les conditions climatiques jouent aussi sur le séchage par exemple, plus facile en été qu’en hiver, où il peut prendre jusqu’à 3 semaines.
Au sortir de l’atelier, les vélos Cycad pèsent environ 15kg. Ils sont équipés de vitesses intégrées au moyeu et peuvent accueillir une motorisation électrique amovible. Une dizaine de vélos sont ainsi loués dans Bruxelles, à un prix dégressif suivant le kilométrage effectués. Perrine et Narciso chouchoutent ensuite leurs utilisateurs : mise à disposition d’un cadenas, SAV de l’assistance électrique et dépannage ou enlèvement du vélo à domicile en quelques heures... Ils veulent rester au plus près de leurs clients pour pour pouvoir constamment améliorer leurs vélos et leur service.
Quand on demande à Cycad s’ils envisagent une commercialisation de leurs vélos, ils évoquent d’abord cette nécessité d’un suivi et d’un service au plus proche, qui convainc parfaitement les utilisateurs au contraire d’un achat définitif. Enfin, resterait le problème d’une mise aux normes. L’entreprise est en contact avec des laboratoires à Gand et en Allemagne pour obtenir des certifications, mais préfère garder la main et l’oeil sur sa flotte pour peaufiner leur produit.
Un article de Benjamin Da Silva Lopes Dos Santos