Abdelillah, l'électricien qui propose un service zéro émission
C’est tout de noir vêtu et tout sourire qu’Abdelillah arrive sur son chantier du jour : un appartement à Forest. Electricien, Abdelillah fait toutes ses tournées à vélo. Aujourd’hui, il s’agit de régler un plafonnier. Abdelillah a emporté tout le matériel nécessaire dans ses deux fontes et son sac à dos. Généralement, les deux sacoches suffisent mais aujourd’hui, il avait besoin d’une caméra lui permettant de voir sous le faux plafond.
Abdelillah est devenu électricien à vélo par accident. Il y a dix ans, en pleine panne d’inspiration, il part se ressourcer à la montagne. C’est là que l’idée naît : il va se lancer en tant qu’électricien. Mais n’ayant pas beaucoup de sous, il se dit qu’il va faire ses tournées à vélo. Le temps de mettre de l’argent de côté pour s’acheter une camionnette.
« Au début, j’étais gêné d’arriver à vélo »
« Au début, j’étais gêné d’arriver à vélo, se rappelle Abdelillah. Je le garais plus loin parce que je me disais que ça ne faisait pas très professionnel. Mais les gens me trouvaient jeune, motivé et cool. J’étais recommandé par le bouche-à-oreille ».
Après deux années en tant qu’indépendant complémentaire, il décide de se lancer à 100%. « Durant ces deux années, on était en plein dans la vague médiatique concernant le réchauffement climatique. Au fur et à mesure des coups de pédale, l’idée est née de créer un service zéro-émission », explique Abdelillah. D’économique, le vélo est devenu un choix écologique.
Aujourd’hui, la question écologique est de plus en plus présente sur les chantiers via l’utilisation de matériaux respectueux de l’environnement. Mais pour Abdelillah, « on ne tient pas compte des trajets en camionnette qu’effectuent les techniciens. Parfois juste pour faire un devis ou aller chercher une vis. Je voulais sortir de ça et proposer une vision globale ».
L’écologie est alors devenue une vraie philosophie de vie pour Abdelilah. Au départ, le vélo était une solution temporaire, il n’avait donc pas acheté de matériel spécifique. « C’était pénible, se souvient-il. Je n’avais pas de sacoches et mes vêtements n’étaient pas adaptés. »
« L’équipement spécialisé est hyper important »
Depuis qu’il a investi dans du matériel adéquat, ses trajets sont devenus beaucoup plus agréables et confortables. « L’équipement spécialisé est hyper important. Contre le froid, j’applique le principe des trois couches comme en montagne : une sous-couche, une couche chaude et une couche imperméable. Mes sacoches sont hyper robustes, étanches et facilement transportables. Et j’ai trouvé du matériel léger et compact », déclare-t-il. Il a notamment une échelle de 9 mètres qui, pliée, mesure 3 mètres. Pour la transporter, il utilise une petite remorque qu’il attache à son vélo. S’il doit transporter du matériel plus conséquent, il fait appel à une camionnette. « Dans ce cas, je ne suis plus zéro-émission ; je propose un service qui tend vers zéro », dit-il.
« Une fois que le cap est passé, le vélo ce n’est que du bonheur »
« Au début, ce n’était pas facile le vélo. Surtout que j’avais commencé en hiver. Mais je me suis dit qu’il fallait tenir. Pour être sûr de ne pas craquer, je n’ai pas passé mon permis », sourit-il. Aujourd’hui, Abdelillah ne songe plus du tout à acheter une camionnette. « Une fois que le cap est passé, le vélo ce n’est que du bonheur. Quand il fait beau, tu es en short. Et puis, la vie évolue à un niveau humain ».
En moyenne, il parcourt 10 kilomètres par jour. A présent, il aimerait avoir des collaborateurs mais aussi convaincre d’autres corps de métier (plafonneurs…) de passer au vélo pour proposer des chantiers écologiques à tous niveaux.
Un article de Violaine Jadoul