Elles apprennent à rouler à vélo pour se balader en famille ou se déplacer au quotidien
Huit femmes sont réunies ce vendredi matin dans le parc Elisabeth au pied de la basilique de Koekelberg. Cinq d'entre elles sont là pour faire leurs premiers pas... à vélo. Les trois autres pour les guider.
« Ma fille qui a 10 ans sait très bien rouler à vélo ; elle a appris à l'école. Elle a essayé de m'expliquer mais je suis tombée et je lui ai dit de reprendre son vélo », explique Djenabou.
"Nous allons au Parc Royal pour rouler à vélo avec mes enfants, mais je ne peux que les regarder"
Cette jeune femme a trois enfants qu'elle éduque seule. Tous savent rouler à vélo sauf la dernière qui n'a que trois ans. « Je ne veux pas qu'ils roulent seuls en rue donc nous allons au Parc royal. Mais je ne peux que les regarder », regrette-t-elle. Djenabou s'est donc inscrite à ces cours donnés par Vaartkapoen, un centre communautaire de la VGC (Vlaamse Gemeenschapscommissie).
Léa, employée par Vaartkapoen, est accompagnée de deux bénévoles : Danielle et Fulya. En six séances de trois heures, elles vont aider les cinq participantes à rouler à vélo. « C'est la troisième édition. Généralement, en une ou deux séances, les femmes savent rouler. Ensuite, nous leur apprenons à tourner, à rouler dans un espace réduit, à regarder en arrière ou encore à lâcher une main. Enfin, nous allons dans la circulation pour apprendre à embarquer dans un rond-point, à garder ses distances avec les voitures... », explique Léa.
Djenabou souhaite avant tout apprendre pour pouvoir faire des sorties en famille. « Mais quand je saurai bien rouler, j'accompagnerai mes enfants à l'école à vélo. C'est plus rapide que le bus », note-t-elle. Djenabou n'a pas de voiture mais souligne que le vélo « c'est plus économique. Tu ne dois pas mettre d'essence ni chercher de place de parking ».
Après deux heures de pratique, ça y est, ses pieds quittent le sol. Elle roule ! Prenant de l'assurance, elle passe le reste de la matinée à faire des tours dans le parc (oui, virages inclus).
Maria, elle, avait commencé à apprendre il y a 8 ans mais avait tout oublié. « Aujourd'hui, j'avais peur mais ça a marché », sourit-elle, les joues rosées par le vent.
Inna aussi avait déjà appris. Mais c'était il y a 15 ans. Verdict du premier cours ? « Il faut du courage pour commencer mais c'est chouette. J'aimerais rouler à vélo au quotidien. C'est peut-être un peu compliqué à Bruxelles parce qu'il y a beaucoup de voitures », s'inquiète-t-elle. Et pourtant, à la fin du cours, elle n'hésite pas à suivre Danielle dans la circulation jusqu'au siège de Vaartkapoen alors qu'il était prévu de faire ce trajet à pied, à côté du vélo.
Sur le trottoir, les autres sont en grande discussion alors qu'elles ne se connaissaient pas il y a trois heures. « C'est le vélo qui nous a rapproché », dit l'une d'elles en riant.
Il est beau ce sourire qui fend le visage des femmes à la fin du cours. Il traduit un plaisir enfantin et la fierté d'avoir appris quelque chose. « Je suis fière de moi, confirme Hanan. C'était le tout premier cours et j'ai su rouler un peu. Récemment, j'ai revendu ma voiture car j'en avais marre des embouteillages et de devoir me garer. Mon premier achat sera donc un vélo. Pour les loisirs dans un premier temps mais le but est ensuite de faire tous mes déplacements à vélo. »
« Ce moment où les femmes commencent à trouver l'équilibre. Souvent elles tombent juste après tellement elles sont contentes »
Le sourire, il semble omniprésent sur le visage de Danielle qui enseigne le vélo (si on peut dire) bénévolement depuis des années. Ce qu'elle préfère, c'est « ce moment où les femmes commencent à trouver l'équilibre. Souvent elles tombent juste après tellement elles sont contentes ». Léa, elle, aime « entendre que les femmes font des sorties en famille après avoir suivi les cours ».
C'est le cas d'une ancienne participante. Celle-ci était arrivée en disant qu'elle avait déjà essayé plein de fois de rouler mais qu'elle était incapable d'apprendre. « C'est vrai que ce fut difficile mais elle a fini par rouler. Son mari et elles étaient tellement contents qu'ils nous ont préparé des biscuits. Et puis, un jour, ils m'ont envoyé une photo par mail : on les y voit tous les deux faisant du vélo à la côte. C'est pour ça qu'elle voulait apprendre : pour rouler à la mer avec son mari », sourit Danielle.
Un article de Violaine Jadoul